Les déclarations tonitruantes ont commencé dès le petit déjeuner, mercredi 11 juillet. Au premier jour du sommet de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) à Bruxelles, le président états-unien, Donald Trump, a accusé l’Allemagne d’être « prisonnière » de la Russie, car elle achète à Moscou « une grande partie de son énergie ».
« Ils paient des milliards de dollars à la Russie et nous devons les défendrecontre la Russie (…). Ce n’est pas normal », a-t-il déclaré en présence du secrétaire général de l’OTAN, le Norvégien Jens Stoltenberg. « L’Allemagne est totalement contrôlée par la Russie. (…) Ils tirent 60 % de leur énergie de la Russie. Je pense que c’est une très mauvaise chose pour l’OTAN, qui ne devrait pas se produire », a-t-il poursuivi, avant de s’en prendre plus généralement aux membres de l’OTAN qui « ne payent pas ce qu’ils devraient »pour leurs dépenses militaires.
« Nous protégeons l’Allemagne, la France… Nous protégeons tous ces pays », a-t-il insisté, estimant que les Etats-Unis « payaient beaucoup trop ». « C’est disproportionné et injuste pour les contribuables des Etats-Unis », a-t-il encore lâché, réitérant des propos qu’il avait déjà tenus avant son arrivée.
Des « discussions vigoureuses » en vue
Les dirigeants des vingt-neuf pays membres se retrouvent pendant deux jours dans la capitale belge afin d’évoquer, notamment, l’effort partagé de défense dans le cadre de l’alliance militaire transatlantique.
Avant même le début de la réunion, l’humeur de Donald Trump était apparue plutôt belliqueuse. Le président des Etats-Unis a déclaré que sa future rencontre avec le président russe, Vladimir Poutine, à Helsinki, à la mi-juillet, pourrait être « plus facile » que le sommet de l’OTAN.
Le ton n’est guère plus policé côté européen. Donald Tusk, le président du Conseil européen, a fait savoir très clairement, mardi à M. Trump, que ses critiques presque quotidiennes étaient déplaisantes et l’a invité à « mieux considérer » ses alliés, tout en relevant que « l’Amérique n’en a pas tant que ça ». Ces échanges ont fait dire au secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg : « Je ne serais pas surpris qu’il y ait des discussions vigoureuses, notamment sur les dépenses de défense. »
Ces dernières sont au centre des tensions entre les Américains et leurs alliés depuis un an. Dès juillet 2017, pour sa première venue au siège de l’OTAN, M. Trump avait haussé le ton face à ses alliés en affirmant qu’ils devaient d’« énormes sommes d’argent » à l’organisation et que les Etats-Unis payaient trop pour eux.
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« Les Etats-Unis doivent payer MOINS. Très injuste ! »
Les Américains fournissent 20 % du budget commun de l’Alliance et 75 % de ses capacités militaires. « Les pays de l’OTAN doivent payer PLUS, les Etats-Unis doivent payer MOINS. Très injuste !, a-t-il encore tweeté avant son départ pour Bruxelles. Ce n’est pas juste pour le contribuable américain. »
En l’occurrence, Washington presse ses alliés de se conformer à ce qui a été défini en 2014, c’est-à-dire d’arriver dans les dix ans à 2 % de leur produit intérieur brut (PIB) en 2024 pour la défense. Cet engagement de 2 % concerne les budgets nationaux de défense, et non les contributions directes au budget de l’OTAN. Celles-ci sont régies par une formule de partage fondée sur la taille de l’économie des pays.
Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, n’a de cesse d’insister sur les aspects positifs : « Les dépenses des alliés ont augmenté en termes réels de 6 % en 2017. » Mais, à ce jour, quatre pays seulement sont déjà à ce niveau (Etats-Unis, Royaume-Uni, Grèce et Estonie) et quatre autres (Lituanie, Lettonie, Pologne et Roumanie) le seront à la fin de l’année. Une quinzaine d’Etats membres, dont l’Allemagne, le Canada, l’Italie la Belgique et l’Espagne sont sous la barre de 1,4 % et seront incapables de respecter leur parole.
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